Saladin et ses soldats
- Laure-Astrid
- 19 nov. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 janv.

Saladin et ses soldats : histoire philosophique
Il était une fois, dans un royaume lointain, un roi dont le cœur était empli d'envie et de jalousie. Ce roi, Saladin, régnait sur ses terres, mais son regard était constamment tourné vers les peuples voisins, dont la richesse et la splendeur illuminaient l'horizon. Les terres des voisins étaient si belles, si prospères, qu'il ne cachait plus son désir de les posséder. Dans son esprit tourmenté, il se disait que la seule manière d’atteindre la grandeur de son royaume était d’éliminer tous ceux qui osaient briller de mille feux à ses côtés.
Au fil des ans, Saladin mena ses soldats dans des campagnes effroyables contre ces peuples magnifiques. Chacune de ces batailles laissait un goût amer dans la bouche de ses hommes, qui, épuisés par tant de violence et de pertes, commençaient à remettre en question la portée de leur loyauté. Les cris des soldats en proie à la lassitude résonnaient dans l’air, mais le roi, enivré par son obsession, ne prêtait guère attention à leurs supplications. Il ne voyait que la lueur dorée de l’or, de la richesse, toujours plus loin, toujours plus désirable.
Un soldat se tenait à l’écart du tumulte. Il s’appelait Youssef, un homme dont le courage brillait même dans l'ombre de la défaite. Youssef était un fidèle serviteur de Saladin, mais il avait commencé à ressentir le poids de la trahison qui pesait sur son cœur. Chaque jour, il voyait ses camarades se rebeller, leurs yeux brillants de désespoir, pillant même les trésors du roi dans des actes de révolte désespérés. « Arrêtez ! » criait-il, sa voix brisée par l'emprise de la fatigue. « Ce n’est pas la voie à suivre. Nous avons fait le serment de défendre ce royaume, non de le détruire ! »
Mais le roi, sourd aux cris de son peuple, continuait de faire des prisonniers. Les murs de son palais résonnaient des lamentations des soldats captifs, et Youssef savait que la situation ne pouvait que s’empirer. La noblesse du roi s'évanouissait, et une ombre grandissait autour de lui, alimentée par la terreur et la misère. Des murmures de mutinerie s'élevaient, et ceux qui étaient censés être les défenseurs de la couronne devenaient des traîtres aux yeux de leur roi.
Un jour, alors que le désespoir planait comme un nuage sombre au-dessus du palais, un mage apparut devant Saladin, tel un spectre sortant des contes les plus anciens. Sa peau était marbrée d’histoires non racontées et ses yeux brillaient d’une sagesse infinie. « Roi Saladin, » dit le mage d’une voix qui semblait venir des profondeurs de la terre, « j'ai parcouru des royaumes lointains et observé le mal qui ronge votre âme. Si vous ne mettez pas un terme à ces mutineries, la richesse que vous convoitez se transformera en serpents. Ces serpents vous préparent un destin funeste. Vous tomberez malade violemment jusqu'à la mort, perdant à jamais tout ce que votre jalousie a construit. »
Les paroles du mage frappèrent le roi comme un coup de tonnerre. Au fond de son cœur, quelque chose se mit à vibrer. La peur, cette émotion qu’il avait longtemps réprimée au profit d'une colère aveugle, commença à émerger. Devait-il vraiment sacrifier sa vie pour des pièces d'or ? Était-ce cela, la grandeur qu’il recherchait désespérément ?
Mais la colère et l’orgueil avaient tissé une toile serrée autour de son âme. « Je ne crois pas à des contes d’un mage ! » hurla-t-il, bien que le tremblement dans sa voix décelât une inquiétude sourde. « Je ferai ce que je veux. Je suis le roi, et ces mutineries ne seront pas tolérées ! »
Le mage, impassible, se contenta de sourire. « Vous êtes libre de choisir, roi Saladin, mais sachez que l’ignorance de votre destin ne vous protègera ni de la maladie ni de la mort. Les serpents s’enrouleront autour de votre cœur. »
Aussitôt après, le mage disparut, laissant derrière lui un silence pesant. Youssef, qui avait tout entendu, décida qu'il était temps de se battre pour sauver non seulement ses camarades, mais aussi le roi lui-même. Il s’approcha de Saladin, la détermination dans les yeux. « Sire, écoutez ce que ce mage a dit. Nous avons déjà perdu tant de choses à cause de votre soif de pouvoir. Vous avez décimé des peuples entiers. Que vous reste-t-il aujourd'hui ? Un royaume brûlé, un peuple en colère. Si vous poursuivez ce chemin, vous ne serez bientôt plus qu'un roi solitaire, enfermé dans ses démons. »
Les larmes d’angoisse commencèrent à perler aux coins des yeux de Saladin. Pour la première fois, il voyait non seulement ce que ses actions avaient causé aux autres, mais aussi ce qu’elles menaçaient de lui voler. Il se souvint des rires, des enfants jouant, des marchés remplis de joie. Où tout cela avait-il disparu, ébranlé par sa volonté égoïste ?
Youssef avança d’un pas, tendant une main pleine d’empathie vers le roi, une main qui offrait une lueur d’espoir. « Ne laissez pas les serpents du regret vous engloutir. Changez de cap, concentrez-vous sur la réconciliation plutôt que sur la destruction. Votre sagesse peut être la lumière qui éclairera ce royaume ! »
Saladin, empli de nouvelles émotions, lut dans les yeux de Youssef une profondeur qu’il n’avait pas osé imaginer. Un frisson de réalité parcourut son être. Peut-être que la jalousie n’avait jamais été le véritable chemin vers la grandeur, mais plutôt un impasse sinistre, menant à des ruines et à des souffrances.
La main tremblante, Saladin accepta l'invitation au changement. Dans une décision qui allait marquer l'histoire, il mit fin aux campagnes militaires, relâcha ses prisonniers et envoya des émissaires en paix vers les royaumes voisins. Il invita à la table de négociations, cherchant à créer des alliances et à apprendre de ceux qu'il avait autrefois voulu détruire.
Les jours passèrent, et le royaume commença à guérir. Les rivières de l’or devraient couler, mais non comme le sang. Saladin se transforma en un roi réformé, acceptant la richesse de la diversité, la beauté des différences. Un cerf-volant coloré s'éleva dans le ciel, emportant avec lui les colères passées, tandis que Youssef, l'homme courageux, se tenait à ses côtés, le cœur empli de gratitude.
Ainsi, le roi Saladin trouva une toute nouvelle voie, une voie où l’or n’était plus un serpent mais une promesse de paix, et où le véritable trésor était désormais son peuple, uni et libre.
Depret Laure-Astrid, une passionnée des livres.
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